Presque tous les habitants de Sentheim, adeptes de la randonnée douce, du jogging ou du VTT, connaissent ce chemin qui, du Pont des Vignes, monte paisiblement vers la Vierge du Rollenberg par le vallon du Grumby.

L'histoire de ce chemin remonte à la 1ère Guerre mondiale. En effet, les soldats français le creusèrent pour acheminer, vers le front d'Aspach, les munitions nécessaires.

Mais l'histoire du vallon du Grumby ne s'arrête pas là. Après la bataille du 19 juin 1940, à l'issue de laquelle aucune victime ne fut à déplorer, les habitants de Sentheim émirent le vœu de remercier Dieu de les avoir épargnés.

Ainsi, le 9 mars 1945, le curé Riotte proposa au Conseil Municipal d'ériger une chapelle et un chemin de croix. La chapelle ne vit jamais le jour. Mais les quatorze stations en grès de Saales furent installées dans le vallon et bénites le 14 septembre 1947.

Le nettoyage et l'entretien de chaque station est pris en charge par des bénévoles. Certains sont fidèles depuis de longues années. 

Un peu d’histoire :

Contrairement à d'autres villes et villages d'Alsace et de France, Sentheim a été épargné des destructions massives. Seuls les combats de 1940 se sont révélés dévastateurs avec le bombardement de l'usine BIAN, de la Boucherie-Restaurant BRODHAG et de la ferme DITNER le 19 juin 1940. 

Bien que la libération du village en novembre 1944 ait été rendue difficile par les escarmouches de l'ennemi et par les conditions météorologiques (neige abondante), les habitations ont été touchées mais aucune victime n'a été à déplorer. La population a davantage souffert de l'oppression, de la peur du lendemain et du manque d'approvisionnements.

C'est alors, pour se mettre sous la protection divine et tout particulièrement de la Sainte Vierge, que les habitants formèrent en 1940, le vœu d'ériger un Chemin de Croix et une chapelle à la fin des hostilités.

Ainsi, lors d'une réunion extraordinaire du 9 mars 1945, le Conseil de Fabrique de l'Eglise décida l'érection d'un calvaire en ces termes " Nos remerciements à Dieu et à la Sainte Vierge devant s'étendre pour toujours et pour leur donner une forme stable et visible dans l'avenir. Monsieur le curé RIOTTE, sur sa propre initiative et à la demande de nombreux de ses paroissiens de perpétuer notre reconnaissance, propose de faire élever sur la colline dite "Rollenberg" un Chemin de Croix en pierres de la Doller."

Ce projet a trouvé une approbation enthousiaste auprès des Paroissiens, qui d'ailleurs depuis quelques années déjà, avaient versé des dons à cet effet.

Pourquoi avoir choisi le Rollenberg ? Le chemin qui le jalonne a été creusé lors de la 1ère guerre mondiale par les militaires français pour assurer le passage des convois militaires et l'approvisionnement en munitions du secteur jusqu'à la ligne du front du Pont d'Aspach et plus loin jusqu'à Cernay et le "Hartmanswillerkopf (Vieil Armand). Ce chemin trouvait son prolongement vers Lauw et la vallée par le "Wolfloch" et vers la plaine par Bourbach-le-Bas.

C'est ainsi que le vallon du Grumby était devenu une voie stratégique renforcée par deux abris dont l'un se trouve à l'arrière de la première station, fortifications qui avaient encore servi de lieu de refuge à de nombreux Sentheimois durant les attaques aériennes de la dernière guerre, ce chemin dit "chemin des Français" était tout à fait prédestiné à recevoir ce Calvaire et à son sommet, une chapelle. Dans cet esprit et sous l'impulsion de Monsieur le Curé RIOTTE, le projet se concrétisa non sans quelques imprévus.

La réalisation des monuments était confiée au sculpteur Valentin JAEG de Strasbourg-Neudorf, les travaux de terrassement et de maçonnerie étant assurés par un entrepreneur du pays au prix du jour et le transport des matériaux confié à des voituriers de la localité, selon décision du Conseil de Fabrique du 14 octobre 1945.

Des imprévus, il y en eut et plus particulièrement, le choix des pierres de la Doller s'avéra malheureux. Leur extraction, car trop friables, n'a pu se réaliser et le Conseil de Fabrique décida donc de se procurer des pierres de la carrière de Saales, beaucoup plus dures. Il a fallu aussi acheter les différentes parcelles de terre nécessaires à la pose des stations et à l'emplacement de la chapelle. Le coût de la réalisation se monte à 454.030 Francs de l'époque. 

La bénédiction des stations eut lieu le 14 septembre 1947 en présence de toute la population et des personnalités locales et avec le concours de la fanfare du Cercle St Georges. Le cortège parti en procession depuis l'église, gravit la colline dans le recueillement et commémora tout particulièrement, les victimes de la guerre à la douzième station. 

Pour le projet de la chapelle, il est remis à plus tard dans l'attente d'avoir rassemblé les fonds nécessaires.

En 1960, Monsieur le Curé GROETZ reprend le projet en proposant de prendre comme modèle, la chapelle érigée dans la forêt d'Heimsbrunn, mais après réflexion, le Conseil de Fabrique y renoncera en raison de l'existence de la Chapelle Ste Anne et le 05 Avril 1964, il est décidé d'ériger en lieu et place, une statue de la Sainte Vierge.

Ce nouveau projet vit sa réalisation en 1966 et la bénédiction de Notre Dame du Rollenberg eut lieu le 15 Août 1966 par Monsieur le Curé Doyen KUENY de Masevaux après que Monsieur le Curé JACOB eut invité la nombreuse assistance présente, malgré la pluie battante, à la méditation aux stations du Chemin de Croix.

Le monument représente la Vierge Marie tendant l'Enfant Jésus vers l'Humanité pour l'appeler à la paix, la statue en pierre du Jura est scellée sur un socle de pierres du Sundgau. Les travaux ont été réalisés par une entreprise de BOURBACH-LE-BAS.

Afin de rendre la statue visible depuis le village, il a fallu procéder au défrichement des parcelles boisées situées en contrebas du monument. Malheureusement, les années passant, la végétation envahissante cacha à nouveau la statue à la vue des habitants.

En l'année 1994, la famille Florent SCHMITT et Fils vient de prendre l'initiative tous frais à sa charge, en accord avec la Commune et la Paroisse, de transférer la statue de son emplacement d'origine à un endroit mieux adapté, la Commune de Sentheim ayant décidé d'acquérir les parcelles de terrain nécessaires et d'assurer le défrichement du site. 

Désormais la statue est scellée sur un bloc de moraine de 3,20 m de haut, d'un poids de 8,6 tonnes venu des Nouvelles Carrières d'Alsace de METZERAL, la manutention ayant été assurée par un engin de levage d'une entreprise de CERNAY.

(Source : Bulletin municipale N°31 de 1994, page 12 à 14, auteur : J.J. ROTH )